La mort de Facebook ?
Mark Zuckerberg s’en vantait encore il y a deux mois, Facebook ne cesse de croître et atteint les 70 millions de nouveaux utilisateurs en 2017. Mais depuis le 11 avril dernier, le géant accumule les reproches sur sa politique de confidentialité. En effet, lors de la seconde audition de Mark Zuckerberg devant le congrès Américain, le PDG de Facebook est accusé de collecter et revendre les données personnelles de ses utilisateurs à de grands comptes. Le média Cambridge Analytica aurait révélé une collecte de données de plus de 87 millions d’utilisateurs Facebook. Ce scandale a eu énormément de répercussion sur les réseaux sociaux dont Twitter principalement avec l’apparition d’un hashtag en trending « #DeleteFacebook ».
La Twittosphère se plaignant de l’utilisation abusive de leurs données ainsi que la revente de ces dernières. Cela n’a engendré cependant qu’un très léger ralentissement de la croissance du leader et il commence 2018 avec un chiffre d’affaires trimestriel record de 11,97 milliards de dollars.
Afin de récupérer la confiance de ses utilisateurs et limiter les nouveaux scandales, les réformes s’accélèrent du côté du leader des réseaux sociaux.
« Nous venons d’annoncer nos résultats trimestriels et notre mise à jour sur la confidentialité. Malgré d’importants défis, notre communauté continue de grandir. Plus de 2,2 milliards de personnes utilisent Facebook chaque mois et plus de 1,4 milliard de personnes l’utilisent quotidiennement.
Notre objectif en 2018 est de garder les gens en sécurité, et de continuer à bâtir les expériences que les gens attendent de nous. Nous adoptons une vision plus large de notre responsabilité – non seulement de donner aux gens des outils puissants, mais aussi de veiller à ce que ces outils soient utilisés à bon escient. En même temps, nous devons aussi continuer à créer de nouveaux services qui rassemblent les gens de nouvelles façons significatives. C’est ce qui rend Facebook si important pour tant de gens, et c’est aussi notre responsabilité.
La semaine prochaine, c’est F8* et j’ai hâte de partager plus de ce sur quoi nous travaillons. Merci à tous d’avoir participé à ce voyage avec nous. »
*F8 est une conférence annuelle de Facebook destinée aux spécialistes de la technologie.
Une collecte de data des fabricants de portable ?
Le 04 juin 2018, New York Times a dévoilé que Facebook permet à une soixantaine d’entreprises comme Apple, Amazon, Microsoft ou encore Samsung de récupérer des informations personnelles sur les utilisateurs de l’application à leurs insu. un scandale similaire avait déjà émergé en 2016 avec le cookie DATR, mais cette fois-ci le scandale prend une autre ampleur.
Le New York Times ayant enquêté sur l’affaire, a interrogé les 4 principaux concernés cités précédemment. Microsoft confirme ainsi l’existence d’un partenariat entre Facebook et les entreprises informatiques. Samsung et Amazon ont refusé de répondre aux questions du New York Times. Néanmoins, Apple certifie que le partenariat a bel et bien existé mais il n’est plus effectif depuis septembre 2017 de son côté. En effet, Apple et Facebook n’ont pas le même business model car l’un se rémunère sur la vente de produits électroniques alors que l’autres de la vente de données personnelles et de publicités ciblées. Ainsi, Facebook a besoin de beaucoup de données afin de rendre les publicités plus personnalisées alors qu’Apple n’en dépend pas. Cela permet donc à la marque à la pomme de prendre des décisions radicales vis-à-vis de Facebook.
« La vérité, c’est qu’on pourrait faire un paquet d’argent si on “monétiser” notre utilisateur. Nous avons choisi de ne pas faire ça », avait alors déclaré le CEO d’Apple. Une véritable déclaration de guerre contre Facebook et Google. Même si cela peut sembler ironique, Apple a toujours mis en avant cette politique dans la conception de ses appareils ».
Pour revenir aux problèmes de confidentialité des données, quand un utilisateur s’inscrit sur un réseau social comme Facebook, il accepte que l’application accède à ses données. La nuance étant qu’il ignore que ses informations seront aussi exploitées par d’autres entreprises, comme ces fabricants partenaires de Facebook. Pour illustrer ces affirmations, le New York Times nous parle d’un de ses journalistes, possesseur d’un BlackBerry. Après s’être connecté à Facebook depuis son smartphone, il a remarqué que ses données personnelles, et celles de 556 de ses amis, ont été utilisé par BlackBerry Hub. C’est un centre de notifications pour l’ensemble des applications installées sur le smartphone. Le New York Times raconte que les informations recueillies sont par exemple le statut marital, ou encore les événements auxquels la personne a participé et ses opinions politiques.
Facebook a répondu aux attaques du New York Times dans un communiqué intitulé « Pourquoi nous ne sommes pas d’accord avec le New York Times ». Facebook explique que les entreprises partenaires « ne peuvent pas proposer ce genre de services sans l’autorisation des utilisateurs », précisant avoir « approuvé chacune des expériences proposées ». Niant les différentes accusations, la firme à la pomme ajoute : « Les données de nos utilisateurs ne sont accessibles [aux fabricants de smartphones] que lorsque ces personnes ont approuvé ce genre de partage. »
Suppression de la catégorie trending
La nouvelle est tombée ce matin, Facebook annonce la fin de la catégorie « trending ».
Vous ne connaissez pas cette catégorie ? C’est normal, cette fonctionnalité lancée en 2014 n’était disponible que dans 5 pays dont la France ne fait pas partie ! Elle avait pour but de mettre en avant les dernières informations des médias numériques comme les « breaking news ». L’onglet trending se trouvait dans un encart à droite de votre fil d’actualité et est maintenant remplacé par l’onglet « Facebook stories ». Sur ordinateur, les sujets populaires des « trendings » étaient divisés en 5 catégories : Principales tendances, Politique, Science et technologie, Sports et Divertissement.
Collectant seulement 1,5% des clics des utilisateurs, on pouvait croire que la fonctionnalité n’avait pas d’impact. Cependant, depuis 2016, cet onglet était vivement critiqué car il a contribué à la propagation de nombreuses « fake news ». De plus certains médias, notamment américains, se servaient de cet onglet afin de promouvoir des articles secondaires. La catégorie « trending » perdait donc en pertinence. Ce rétropédalage est assez représentatif de la phase de déclin que traverse Facebook …
Cependant pour pallier la disparition de l’onglet « Trending », une mention « breaking news » ou alors « information de dernière minute » directement sur les publications du fil d’actualité est en test. Facebook veut mettre en place cette mention « pour aider les gens à rester informés à propos des informations de dernière minute auxquelles ils s’intéressent ». Le 1er juin dernier, un responsable communication de Facebook indiqua qu’un test avec 80 éditeurs de presse est en cours pour voir l’efficacité de la mention « dernière minute » ou « breaking news » sur certains de leurs articles. Selon lui, les utilisateurs trouvaient la fonctionnalité « Trending » «de moins en moins utile » …
Si cette nouvelle fonctionnalité réussit le test, elle sera disponible dans le monde entier y compris en France.
Le renouveau de Facebook ?
Afin de relancer la croissance de Facebook, Mark Zuckerberg a relancé son idée de plateforme vidéo à l’instar de YouTube. En effet, après une mise en avant des services Facebook Live et Facebook Story, la politique Facebook montre en priorité les vidéos sur le fil d’actualité. Suivant les tendances digitales 2018, Facebook profite du fait que 90% des gens passent plus de temps sur un site ou un réseau social s’ils se retrouvent devant une vidéo. En effet, le nombres de vues d’une vidéo aujourd’hui est plus significatif et impressionnant que le nombre d’interaction d’une publication.
Dorénavant, certains utilisateurs de Facebook Live sont également payés par le réseau social en fonction du nombre de vues. Depuis fin 2017, Facebook incorpore aussi de plus en plus de publicités au milieu des vidéos de fil d’actualité.
Mark Zuckerberg veut ainsi appeler cette plateforme : Facebook Watch. Cela permettra aux utilisateurs de Facebook de suivre des influenceurs ou contenus exclusif à la plateforme en parallèle des publications de base. Le service sera disponible sur ordinateur, mobile et télévision afin de proposer des contenus exclusifs à Facebook. Pour le moment, Watch n’est disponible qu’aux Etats-Unis sous la forme d’un onglet « Vidéos », mais selon TechCrunch, Facebook ne va pas tarder à la déployer dans d’autres pays dans une version plus évoluée.
L’avantage du leader des réseaux sociaux est son nombre d’utilisateurs mensuels, à savoir plus de 2 milliards d’utilisateurs. YouTube, appartenant à Google et leader des plateformes vidéos, arrive difficilement aux 1,8 milliards d’utilisateurs actifs par mois. Facebook pourra ainsi avoir une plus grande audience et récupérer 45% des revenus issus des publicités, un pourcentage identique à celui que prélève Google sur les revenus de YouTube.
Afin de se distinguer de ses concurrents vidéastes, le service mettra l’accent sur l’aspect social de Facebook en permettant au « téléspectateur » d’interagir en direct avec ses amis. Daniel Danker, directeur vidéo de Facebook a expliqué dans une interview que « les gens aiment découvrir des vidéos dans le fil d’actualité, mais ils veulent aussi un endroit dédié où ils peuvent regarder des vidéos.» De quoi redonner de l’espoir au leader des réseaux …
Après l’engouement autour des Youtubeurs, l’engouement autour des Facebookeurs ?
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